Cours en ligne


Nous examinons ici l’érosion qu’entraînerait dans l’enseignement supérieur le remplacement des universités en béton par quelque chose d’électronique. En particulier, l’enjeu d’étudier (en tant que pratique culturelle centrale des universités) est-il affecté par la « virtualisation » de ces contextes traditionnels ? L’idée de rendre virtuelles les universités implique le relâchement de la relation entre activités (enseigner et apprendre) et structures temporelles et spatiales (les organisations de classe et les salles de lecture). Par pratique virtuelle, nous entendons des rencontres éducatives régulières que les nouvelles technologies permettent d’inventer en dehors des contraintes d’espace et de temps d’un agenda traditionnel. De telles optiques pour repenser l’enseignement supérieur sont attrayantes. Premièrement, elles laissent espérer une plus grande insertion sociale ; elles facilitent le mode de vie des étudiants qui ne peuvent s’adapter à des études à plein temps en présence. Deuxièmement, elles laissent espérer des économies d’échelle. Libérée des servitudes de l’enseignement en classe, l’équipe des enseignants accordera plus de temps à chaque étudiant. Troisièmement, c’est peut-être tout simplement un meilleur moyen d’apprendre. Débarrassés des rituels et des contraintes des classes traditionnelles, les étudiants seraient amenés à contrôler leur propre apprentissage. Ainsi, par exemple, les arguments en faveur de l’enseignement virtuel invoquent-ils souvent « l’autonomie de l’étudiant comme un avantage de cette méthode ». Nous commenterons plus loin la seconde et la troisième de ces aspirations à « virtualiser » l’enseignement supérieur : libérer du temps pour l’équipe pédagogique et enrichir l’expérience de l’étudiant. S’il existe des preuves empiriques de pertinence pour ces deux derniers objectifs, nous n’en avons aucune pour la première, à savoir renforcer l’insertion sociale. Toutefois, la possibilité de créer de nouvelles communautés d’étudiants par des moyens d’enseignement à distance électroniques a déjà été démontrée. Par conséquent, nous ne souhaitons pas remettre en question la possibilité de virtualiser l’apprentissage. Cependant, nous restons perplexes quant au temps nécessaire à un tel agenda ; vouloir aller aussi loin dans le changement, ce qui implique par définition la constitution de nouvelles communautés d’étudiants, nous rappelle que de telles attentes peuvent ne rencontrer que des succès limités.

2Des pratiques virtuelles effectives peuvent se transmettre en s’appauvrissant à des cohortes importantes d’étudiants en présence. Leur expérience et leur motivation sont différentes. Ils ne peuvent pas s’engager avec facilité dans les méthodes virtuelles.

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